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ECRITURE AUTOMATIQUE
17 mai 2005

nirvana

Mathieu était un garçon un peu flemmard. Par exemple, y avait une chose qu'il détestait par dessus tout, repasser ses chemises: se tenir debout, dans la vapeur du fer, un boulet suspendu à la main... En plus, à quoi ça sert, hein, franchement? dès que tu en mets une, elle commence à se froisser.

Se laver même était un supplice. A quoi bon, puisque le lendemain il faudrait recommencer? Et manger? en voilà une affaire! Se salir la bouche, se laver les dents, se salir la bouche à nouveau... il fallait être complètement toqué pour tomber dans ce cercle vicieux.

Mathieu avait donc décidé de rester chez lui, peinard, à regarder le plafond. Ca vaut tous les ciels du monde: déjà pas de nuages, donc pas de pluie, pas d'interprétation psycho bidon; ensuite pas de soleil, donc pas de coups, pas de soif, pas de cancer.

Il considérait le jour où il avait compris la vanité de l'existence comme un grand pas pour l'humanité. Après tout, on a les héros qu'on mérite.

Mais un jour il lui fallut sortir. Me demander pas pourquoi, je crois pas que lui-même sache encore. Comme un grand échalas, il se cogna la tête au plafond: "Ben dis donc". En traversant l'entrée il passa devant le miroir: ses cheveux, sa barbe, son corps tout entier semblaient avoir poussé. L'effet de la pesanteur combattue.

Dans la rue, la puanteur des poubelles le saisit à la gorge, et puis ce fut le bruit: comme une multitude de pas, alors que les gens étaient assis à la terrasse du café. Il se rendit compte qu'ils claquaient tous des dents. "Ca s'est pas arrangé". Mais aucun mot ne réussit à sortir de sa bouche.

L'air était vivifiant, le temps à l'orage, et ils étaient là, devant leur grenadine ou leur pernaud-ricard, à feindre le beau temps et à se dorer la pillule parmi une plage de détritus. "Bizarre".

Soudain une jeune fille se leva et alla à sa rencontre. Chemisier amidonné par la graisse, dread-locks... "Ah horreur!": des chicots pour dentier.

Elle commença à claquer de la machoire, méticuleusement: une fois, deux fois, une pause, dix fois d'un coup. "Je suis désolé Mademoiselle, je ne connais pas le Morse", tenta-t-il d'expliquer à tout hasard.

"Mais qui vous parle de Morse?" Elle éclata de rire, toutes ses dents s'entrechoquant à qui mieux mieux. "Je voulais seulement connaitre l'adresse de votre couturier".

Mathieu eut la désagréable impression d'avoir été compris. Il baissa le menton vers sa chemise et s'aperçut qu'elle était maculée de tâches de sang. Ses gencives saignaient.

Il courut se réfugier chez lui et, après quelques instants de flottement derrière la porte, mit ses vêtements au lave-linge et un bain à couler.

objectif

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Commentaires
L
en tout cas c'est bien comme com'... pour un début ;-)<br /> <br /> je vois que t'as pas choisi n'importe quel post mais celui sur nirvana! hé hé! lol
L
ben vi! ça fait toujours plaisir d'avoir des ptits commentaires de gens avec qui on commence à avoir l'habitude de causer! ;-)<br /> <br /> faut que je fasse mieux encore: l'effet renversant de la super glue, celle qui colle les pieds au plafond! :-p
B
le voila ce commentaire sollicité sur un certain site sur les concours.. effectivement j'ai bien )parcouru ton blog l'autre jour, et j'avoue avoir été plutot scotché.. bon ok, y'a mieux comme commentaire :-)
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