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ECRITURE AUTOMATIQUE

13 avril 2006

rupture d'anévrisme

je ne touchais pas à l'alcool avant de te connaitre

l'alcool ne me touchait pas non plus par conséquent

mais toi si, toi déjà

tu t'imprégnais dans mon être

gorgeant chaque goutte de mon sang

liquéfiant l'ensemble de mon plasma

tu me conservais pour les jours à venir

des jours meilleurs

à la tienne

mais un jour sans prévenir

sans ténèbres ni lueur

tu débordes de mes veines

et dans chaque vertèbre insinues la souffrance

le vent souffle les murs tremblent le sol grince

dévorant l'être aimé

le manque m'élance

à ta santé

du champagne

à la russe

du pernod

du ricard

le vieux port de marseille

mon coeur n'a pas de hargne

il n'a rien de plus

que trop tôt

ou trop tard

c'est un gros verre fêlé qui vient de se briser

vois si la coque du tien en est éclaboussée

à merveille

une voix

des sirènes

des voix

"c'est grave?" mais non

"elle respire encore" finalement oui

c'est surtout long

une vie

à tes amours

que les tiennes

durent toujours

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1 février 2006

vendredi jour du poisson il faisait froid, comme

vendredi

jour du poisson

il faisait froid, comme d'habitude

une voiture m'a emmenée à l'ouest de Paris

y avait pas de bouchons

que des bouteilles qui s'entrechoquent dans le coffre

et le vin qui coule sur mes joues

et des câbles que l'on dénude

je pouvais plus refuser l'offre

alors j'ai chialé un bon coup

j'ai mis mes doigts dans la prise

j'ai ouvert les vannes du courant

et quelqu'un est parti en marchant

avec la mine crayeuse et grise

de ceux qui ne voient plus le grand air

(il contourne seulement leurs poumons

comme une fégnasse de rivière)

on a du se tromper de direction

des plaques de givre se détachent du rivage

elles ressemblent à de gros nuages

qu'auraient éventrés des avions

il avait les yeux fermés

mais je sais qu'il dort

la tête posée sur l'oreiller

il rêve au grand nord

16 août 2005

l'univers est un énorme cimetière

un jour on arrête de respirer

et après

on arrête de voir

ce n'est même pas tout noir

et après

on arrête d'exister

ou peut-être que c'est déjà fait

et après?

à supposer même qu'une personne se souvienne de moi

elle mourra

un jour le monde lui-même n'aura jamais existé

quelle ironie

personne ne croyait en lui

et c'est lui qui contemplera les souvenirs

de nos guerres, de nos amours et de nos arts

puisqu'il n'y a pas de hasard

12 juillet 2005

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masqu_e__grrr__je_fais_peur__hein_

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22 juin 2005

le jeu du papa et de la maman

On va dire qu'on vit ensemble. Mais c'est pas pour autant qu'on attend de rentrer pour se retrouver. On se donne rendez-vous à mi-chemin de nos deux bureaux respectifs... du coup pas du tout sur le chemin de la maison, ça nous en éloignerait même... mais c'est pas grave.

On aurait un chat, et puis un chien. Je te dis pas le souk! Comment on pourrait les appeler? Caien et Abel? David et Goliath? Ca sonne un peu guerre des mondes. Boule et Bill? je crois qu'on a pas fait mieux depuis. On leur donnerait les restes de côtelettes, mais pas que ça quand même (avec moi, y a pas beaucoup de restes).

Le matin, on se disputerait la douche, et ça se terminerait les deux à la fois. On mettrait de l'eau partout.

Je préparerais le petit-déjeuner (bizarrement, je suis très douée en cuisine quand il s'agit de ce repas...). Mince: tu prends des céréales? Ca veut dire que je n'ai plus rien à faire... ça me va.

Je serais tout le temps à la bourre, pas le temps de me sécher les cheveux, trop occupée à grapiller encore quelques minutes au réveil. C'est pas juste, toi tu n'as pas ce problème, tu peux même ne pas te raser si tu veux.

On s'embrasserait entre deux métros. Oui, j'ai oublié de te dire, on habiterait en région parisienne. Je sais, j'ai l'air comme ça de tout décider, mais faut bien se lancer parfois. Ne t'inquiète pas, ce n'est que provisoire, comme choix. Non, pas comme la situation actuelle... je sais bien qu'elle prend ses aises.

Où on en était? Ah oui, le soir. Télé? guitare? lecture? dormir? ah non! pas déjà.

Oups! un gamin.

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16 juin 2005

la surface des choses

C'est bizarre la vie, quand même. Enfin je crois. Je ne me souviens plus très bien à vrai dire. On m'a dit que quand j'étais enfant on voyait tout de suite que j'avais du caractère, et un bon fond (mots couverts pour dire que j'étais chiante). Je savais des choses sans les avoir apprises, lire, me tenir bien à table, prier. Ou alors peut-être tout simplement est-ce que j'avais une très bonne mémoire.

Et puis il m'est arrivé quelque chose. J'ai oublié quoi, j'ai oublié quand. Il me reste seulement cette béance quelque part, que je ne cherche même plus à déloger. Peine perdue. Impuissance. Le contraire de l'omniscience et de l'omnipotence. C'est alors que je suis devenue totalement exécrable. Du moins pour le peu de forces que j'avais. J'ai fait en sorte de n'en avoir pas du tout. Potence tout court.

On raconte que l'on commence d'abord à oublier les souvenirs les plus lointains, et c'est vrai que j'ai tendance à reconstruire ma vie à partir des photos de l'album de famille. Tout le monde y sourit, c'est pratique.

En réalité, les vieilles personnes vous le confirmeront, ce sont les souvenirs les plus récents que l'on perd les premiers. Ca a ses avantages aussi: je suis redevenue un ange, ou je suis en bonne voie pour. Mes démons sont loin derrière moi, sur la route du retour à mes origines.

Mes années d'université ressemblent à un message crypté. J'essaie en vain de les comprendre, je sens que c'est important, mais je n'y arrive pas. Je me méprends même. L'autre jour, j'ai conseillé à ma soeur, désirant reprendre ses études, de faire du droit: "Facile, tu verras.

_ah bon? tu travaillais pourtant d'arrache-pied!"

Moi? Qu'est-ce que je pouvais bien faire à la bibliothèque Sainte Geneviève tous les samedis, et à la bibliothèque Pompidou tous les dimanches pendant six ans? La seule chose dont je sois sûre c'est que, contrairement à l'image d'épinal en la matière, nul besoin d'apprendre des codes par coeur. Heureusement d'ailleurs.

Peut-être que j'essayais d'oublier. Le fait est que j'ai si bien réussi que même cela je l'ai oublié.

Ca a un côté un peu rageant parfois d'être plus blanche que neige, je veux dire couleur ardoise. Le petit garçon en primaire dont j'étais amoureuse, mes amis du collège à quoi ils ressemblaient? Vous comprenez, si ceux que j'aime actuellement disparaissent de ma vie, je serai tout aussi incapable de me rappeler d'eux, ils rejoindront les ombres du passé, ils auront tous la même couleur.

Rose, bleu, vert, et maintenant gris. Je suis comme Picasso, j'ai mes périodes. C'est tout ce qu'il me reste, des impressions "générales". Je ne parle pas de celles que procure la vue, la mienne baisse inexorablement, telle une plante sans soleil. Dommage: tout en haut de mon haricot magique j'en voyais des choses. Bleu, couleur préférée des Français. Que je déteste: ça sent le ras-de-marée et le mazout. Comme dirait Renaud, "la mer c'est dégueulasse, les poissons pissent dedans."

Tiens... quelqu'un me chantait ça... mais j'ignore son nom, et jusqu'à son rire.

Quand j'essaie de me triturer les méninges, je me vois toujours de l'extérieur comme dans un rêve, le jour où j'ai décidé de prendre la résolution de ne pas trop m'investir ici-bas: je lisais un magazine pour ado sur mon lit, j'avais les chemins mi-longs, j'avais allumé la radio, je me sentais pas bien.

"La vraie souffrance est de s'apercevoir que le chagrin ne dure pas. Même la douleur est privée de sens." Camus

30 mai 2005

tu ne pourras jamais me rattraper

je sais c'est pas réglo

une telle avance sur le chrono

de plus en plus petite dans tes souvenirs

si seulement tu avais su me retenir

m'attraper par la main... tends là

il est peut- être temps encore

ou alors passe le relais

baisse les bras

baisse les stores

ferme les volets

et veille sur mon corps

mon esprit est dehors

bougie

27 mai 2005

(sans (sang))

Cette nuit, j'ai fait une crise cardiaque. J'en suis sûre. Quand je me suis réveillée, j'avais mal, à gauche: si ce n'est pas un signe... La peau, la chair, le muscle. J'en suis sûre.

En revanche j'ignore ce que ça signifie, puisqu'il faut donner un sens à tout. Je lui ai dit: "J'ai mal au coeur". Et il a tout de suite compris que j'avais envie de vomir. Stupide. Je n'ai pas dit que j'avais mal au ventre.

Alors je suis allée chez un cardiologue. "Vous avez un souffle". Merci bien, je le sais déjà ça. Quand j'imagine mon coeur, je le vois comme un gros pépère rougeaud en train de trottiner: "Eh Papy, tu viens oui?

_oui, oui mon enfant. J'arrive, j'arrive."

A ce train-là je vais finir par le tuer.

Aujourd'hui Papy me manque. Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Il reste cloîtré dans son quartier bo-bo, loin de son trou creusois, au demeurant rénové à grand frais il y a peu. Il ne veut plus me suivre. Moi même j'ai du mal, parfois.

Je suis rentrée. Il m'a annoncé qu'il me quittait, dans sa tête pour commencer. Mon Dieu qu'est-ce qu'on va devenir, mon coeur et sa tête en moins? Quand je me coucherai ce soir, sur mes oreillettes grassouillettes, j'aurai quand même la conscience tranquille.

Je ne vois pas ce que je peux dire de plus.

zzzz

23 mai 2005

"samedi soir sur la terre"

C'est mon dos, il est à moi. Tout rouge et saignant comme un steak. Le corps tout bleu.

Quand on fait du droit, on se dit "jamais moi". Et puis un jour ça t'arrive. Et tu ne sais pas te défendre. Tu restes tout con, tu cherches à comprendre. Tu as pitié.

On se dit jamais plus. Et ça recommence.

J'ai emporté grisly sous mon manteau, y avait que la tête qui dépassait. Je suis si seule que je parlerai même à une conserve si l'occasion s'en présentait. Contre la douleur, j'avais ouvert toute une boite de paracétamol, dix peut-être, ma vue vacillait. Je ne savais pas pourquoi j'avais mal, j'ai essayé de l'arrêter, je l'ai griffé avec mes ongles rongés, j'avais envie de lui faire mal aussi mais je n'ai pas eu le courage. Je préférais mourir. Alors je suis allée vers lui et je lui ai dit de finir le travail. Mais il est parti.

Un type m'a volé mes clés, puis il a eu honte peut-être, il est revenu sur ses pas et les a déposées à côté de moi. De toute façon pas très utile, il aurait fallu trouver la serrure.

Deux clébards m'ont regardée en passant et puis rien jusqu'au scientologue. Il ne m'a pas lâchée. Beaucoup de conneries, quelques choses vraies: sa description de l'Oppresseur qui te fonce dessus pour te rabaisser quand tu te sens bien; de la culpabilité qui le ronge et se transforme en maladie ou addiction, ou encore pire, en négation extrémiste pour mieux recommencer.

Quand même, ma méfiance en sourdine. Je suis rentrée. A deux heures et demi du matin, il est réapparu. Pas le scientologue: lui. Alors j'ai fait quelque chose d'horrible: je l'ai supplié. "S'il te plait, aide moi, je ferai tout ce que tu veux". Je suis en train de crever, vous comprenez. Evidemment, ça l'a encore  plus excité. Il a continué.

Vous allez me dire que physiquement ça passe: Tout finira par cicatriser. Mais moi je vous parle de l'intérieur, de l'endroit que n'arrive à atteindre aucun rayon de soleil. Je le sais, dans peu de temps, ce sera fini.

yoda

17 mai 2005

nirvana

Mathieu était un garçon un peu flemmard. Par exemple, y avait une chose qu'il détestait par dessus tout, repasser ses chemises: se tenir debout, dans la vapeur du fer, un boulet suspendu à la main... En plus, à quoi ça sert, hein, franchement? dès que tu en mets une, elle commence à se froisser.

Se laver même était un supplice. A quoi bon, puisque le lendemain il faudrait recommencer? Et manger? en voilà une affaire! Se salir la bouche, se laver les dents, se salir la bouche à nouveau... il fallait être complètement toqué pour tomber dans ce cercle vicieux.

Mathieu avait donc décidé de rester chez lui, peinard, à regarder le plafond. Ca vaut tous les ciels du monde: déjà pas de nuages, donc pas de pluie, pas d'interprétation psycho bidon; ensuite pas de soleil, donc pas de coups, pas de soif, pas de cancer.

Il considérait le jour où il avait compris la vanité de l'existence comme un grand pas pour l'humanité. Après tout, on a les héros qu'on mérite.

Mais un jour il lui fallut sortir. Me demander pas pourquoi, je crois pas que lui-même sache encore. Comme un grand échalas, il se cogna la tête au plafond: "Ben dis donc". En traversant l'entrée il passa devant le miroir: ses cheveux, sa barbe, son corps tout entier semblaient avoir poussé. L'effet de la pesanteur combattue.

Dans la rue, la puanteur des poubelles le saisit à la gorge, et puis ce fut le bruit: comme une multitude de pas, alors que les gens étaient assis à la terrasse du café. Il se rendit compte qu'ils claquaient tous des dents. "Ca s'est pas arrangé". Mais aucun mot ne réussit à sortir de sa bouche.

L'air était vivifiant, le temps à l'orage, et ils étaient là, devant leur grenadine ou leur pernaud-ricard, à feindre le beau temps et à se dorer la pillule parmi une plage de détritus. "Bizarre".

Soudain une jeune fille se leva et alla à sa rencontre. Chemisier amidonné par la graisse, dread-locks... "Ah horreur!": des chicots pour dentier.

Elle commença à claquer de la machoire, méticuleusement: une fois, deux fois, une pause, dix fois d'un coup. "Je suis désolé Mademoiselle, je ne connais pas le Morse", tenta-t-il d'expliquer à tout hasard.

"Mais qui vous parle de Morse?" Elle éclata de rire, toutes ses dents s'entrechoquant à qui mieux mieux. "Je voulais seulement connaitre l'adresse de votre couturier".

Mathieu eut la désagréable impression d'avoir été compris. Il baissa le menton vers sa chemise et s'aperçut qu'elle était maculée de tâches de sang. Ses gencives saignaient.

Il courut se réfugier chez lui et, après quelques instants de flottement derrière la porte, mit ses vêtements au lave-linge et un bain à couler.

objectif

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