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ECRITURE AUTOMATIQUE
11 octobre 2004

petit peu

La laurinette elle déprime un "petit peu" (vous avez vu quand on répète une chose, comme elle veut dire le contraire du coup? ;-))

C'est pas le début des cours: j'adore les cours (si, je vous jure)

En plus j'ai un job.

Ptêtre que ce sont les réponses à mes autres candidatures qui me minent. Ou le fait qu'aujourd'hui Papa entre à l'hopital, avec des analyses "no absolutely fabulous".

Ptêtre qu'il y a trop de gens qui me manquent, et en même temps pas assez pour passer tout mon temps en visites.

Que j'en ai ma claque des Princes charmants qui se regardent le nombril et que j'aimerais bien qu'un ogre Schrek m'emmène en voyage de noces faire des bulles dans un marais! lol

Quand ça va mal, je me sens investie d'une mission: "il faut sauver le soldat Laura". Hemorragie? Qu'à cela ne tienne, garrot illico (passage où ceux qui me connaissent riront ;-) laurinette ou la peur du sang-qui-coule) et je prends tous les rendez-vous, les médicaments et les analyses qu'il faut. Chômdu? j'écris des milliers de mails par jour à des employeurs potentiels.

Je me souviens en automne 2003, quand on m'a annoncé que je risquais de perdre la vue (je souffrais d'un oedème du nerf oeptique). C'est dur à expliquer, mais je n'ai jamais été aussi heureuse. La joie de me faire du bien: de suivre scrupuleusement le régime sans sel imposé par la cortisone, de me consacrer entièrement à mes cours pour engranger le maximum de points et avoir mon diplôme au cas où le scénario alarmiste devrait se réaliser, la joie de voir des choses et gens dont je me privais auparavant.

Avec tout le temps passé perdu et tout le temps futur gaspillé, il ne me reste que le présent. Vivre chaque jour l'un après l'autre, cela s'appelle survivre.

Se contenter de peu au point d'en arriver à (ne) se contenter de rien.

vague

Ce doit être ma condition de squatteuse qui m'insupporte. N'être nulle part chez soi. Avoir l'impression d'empêcher les autres de respirer, de bouger, par ma seule présence. Dire qu'Agnès Jaoui, qui gagne des millions, dans une interview lue récemment, a osé dire qu'elle dormait à l'hôtel pour ne rien posséder...

Maintenant que j'ai quitté le nid parental, j'y ressens la même sensation. C'est dur d'y revenir.

Mais même quand j'étais ado, j'ai éprouvé sporadiquement ce sentiment et j'ai eu quelques vélléités incompréhensibles de fuguer. J'ai vidé mon compte pour dormir à l'hôtel moi aussi (non mais!, dit-elle avec une stupide fierté). Mais ce n'était pas le Ritz, rien qu'un minable formule 1 dans la cambrousse.

C'est une souffrance indicible (que tout le monde devrait donc tenter d'éprouver) de n'avoir rien, et donc de n'être rien pour personne, de ne pas savoir où aller, où tuer la journée, où dormir en sécurité. En même temps, comme c'est la réalité, elle finit toujours par nous rattraper un jour ou l'autre.

Inutile de se cacher. Encore moins quand on est une jeune femme, supposée "pas à sa place" dans la rue: les gens se retournent sur vous? c'est qu'ils ne vous laissent pas être pauvre ni être triste en paix. C'est à qui appellera la police, qui les pompiers, pour montrer qu'il est un bon citoyen, qui ne laisse pas la faim lui gâcher son déjeuner, le désespoir sa journée. A d'autres de l'en débarrasser.

Quand je vois la vieille dame qui vit sous un sac poubelle près du Leader Price, si recroquevillée et pourtant -ironie- les éboueurs font la différence, moi au contraire j'ai envie de l'imiter.

Et si on choisissait sa famille finalement? Elle serait grande la famille des "sans-": sans-papiers, sans-abris, sans-frontières, et sans-famille.

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