ma vie (suite)

Je me demande si je serai capable d'aimer quelqu'un à la manière de tout le monde... Quand j'avais trois ans, mon père m'avait annoncé comme une chose vraiment merveilleuse que j'allais avoir un petit frère, Sébastien. Je l'ai attendu neuf mois et finalement je me revois, sur le tapis de l'entrée à jouer aux légos, levant la tête en l'air: ma mère avait un ventre énorme -que je n'avais jusque là jamais remarqué-, et au-dessus une tête toute ronde et frisée me regardait et m'a dit que j'allais avoir une petite soeur. Plus rien n'a plus été pareil, ne serait-ce que parce que j'ai compris trop tôt que mon père était humain. Quand elle est née, j'ai tapée du pied rageusement, refusant d'aller la voir.

Après elle a grandi, et je l'ai aimée à la folie, même si je ne lui ai pas toujours montré. Elle m'admirait et ce n'était pas pour me déplaire, même si je me suis punie de "ne l'avoir pas désirée" en inversant progressivement nos rôles. Il faut dire que ce devait être très dur pour elle de m'avoir toujours en exemple sur le plan scolaire et créatif. Elle a développé à présent une personnalité bien à elle et je suis très fière d'elle.

Mais il me reste toujours le regret latent de cette promesse non tenue, avoir un frère, un être différent avec lequel toute comparaison dans un sens ou l'autre eût été impossible et qui serait venu me compléter, non s'opposer.

Le pire dans cette histoire c'est que je ne crois pas avoir renoncé à espérer.